Est-il possible de commencer sa journée avec l’esprit serein en ayant reçu au pied du lit un déluge d’informations anxiogènes sur l’état du monde ?
Peut-on conserver un cœur joyeux lorsque le découragement, la fatigue, la maladie, l’accident, frappent nos proches les plus démunis, les plus fragiles ?
Certes nous pouvons cacher notre tête sous l’édredon pour ne plus voir, ni entendre, ni sentir, ni ressentir et dormir d’un sommeil de brute, ou bien nous étourdir de plaisirs artificiels pour faire taire notre angoisse… Cependant, ne vaut-il pas mieux être dans la vie et en accepter les misères et les miracles ?
Ma douce thérapie commence dans mon jardin qui est comme un théâtre où se déroulent les indéchiffrables mystères de la vie et de la mort. J’observe les insectes qui comme nous s’affairent à travailler pour se nourrir et participer, de l’aile et de la patte, à l’ordre fragile du monde. Il suffit pourtant d’un coup de bêche ou d’une lame de tondeuse pour réduire à néant leur petite vie laborieuse et peu à peu décimer des espèces qui nous ont précédés il y a plus de 200 millions d’années ; pauvre ver de terre victime d’une pioche assassine, pauvre lézard affolé par le tsunami d’un arrosoir, pauvre abeille assommée par la pluie nocive d’un pulvérisateur ! Et pauvres humains malmenés par les soubresauts de leur planète et le délire paranoïaque d’une poignée de fous…
Mais soudain, un papillon virevolte et se pose sur un brin de lavande. Accord parfait !
Ne plus penser à rien, contempler seulement, se nourrir et se fortifier de cette miraculeuse beauté qui simplement, nous raccorde à la vie.