Que dirait Cicéron s’il revenait parmi nous, lui qui affirmait il y a plus de 2000 ans :
« Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu’il vous faut ».
Oserait-il encore nous convaincre de frugalité érudite en nous voyant vivre au milieu du béton, des parkings, des zones commerciales, sous la tutelle et le pouvoir exorbitant de la voiture et du smartphone pour régenter nos vies ?
Une bibliothèque à disposition ? Quelle idée saugrenue ! Une médiathèque… à la rigueur, pour y emprunter des disques, des films et des bandes dessinées, vite consultés, vite oubliés. Mais des livres !!
Un jardin ? Quelle drôle d’envie que d’entretenir à la « sueur de son front » un espace ingrat en vue d’obtenir quelques légumes terreux grignotés par des bestioles voraces ou quelques fleurs frileuses, en proie aux maladies, aux insectes et à la pollution ! Quelle farce ce lopin de terre, coincé entre deux lopins voisins, balafré d’une bande de goudron pour laisser passer et se prélasser la voiture, celle qui prend la place des chaises longues ! Quelle supercherie ces quelques mètres carré de terre, appelés « terrain » qui nous donne l’illusion d’être chez nous alors que le bruit de la rue en a pris possession au point de faire taire les oiseaux !
Au secours Cicéron ! Les images ont remplacé les mots, Les smartphones ont affadi les paroles, les super-hyper-mégalo-marchés ont tué notre petit épicier… Les réseaux sociaux ont pris le pouvoir.
« Paraître » est devenu si prioritaire qu’on pourrait l’écrire « pare-être » comme s’il fallait coûte que coûte occulter notre vraie nature, la nier pour se fondre dans la masse, une masse lourde, inerte, informe, sans élan vital ni créatif !
Pour échapper à cet engluement collectif, plus que jamais nous avons besoin des livres.
Quelle belle et simple liberté que de choisir nos livres pour nous informer, nous instruire, nous distraire et nous faire rêver ! Quelle fructueuse initiative que de s’approprier envers et contre tout, un balcon, une terrasse, une cour, un périmètre de friche pour en faire son affaire, son jardin, agencé selon sa volonté et ses goûts pour se sentir un peu libre et créatif dans une société étouffante de normes et de contrôles.
Ce qui est fondamental est universel et intemporel. Retrouvons vite la planète des sages !